Se reconnaître comme un acteur privilégié de la prévention du tabagisme

acteur_privilegieLa période de l’adolescence est généralement difficile à vivre pour le jeune comme pour ses proches.  Communiquer avec lui n’est pas toujours évident, d’autant plus qu’il manifeste tantôt un désir d’autonomie, tantôt le besoin d’avoir des repères pour l’aider à avancer. C’est l’occasion pour chaque adulte de jouer son rôle de guidance, c’est-à-dire d’être à l’écoute, de stimuler les questionnements de l’adolescent, de favoriser son autonomie, et de l’encourager à avoir confiance en ses compétences personnelles. Ce rôle de guidance est également important en termes de prévention du tabagisme, soit pour aider le jeune à ne pas commencer à fumer, soit pour le soutenir s’il désire arrêter.

Grâce à la relation de proximité qu’ils tissent au quotidien, les professionnels travaillant auprès des jeunes dans leurs différents milieux de vie font aussi partie des acteurs privilégiés pour susciter la réflexion chez les jeunes, fumeurs ou non. Ils peuvent aussi assurer les liens avec les experts en tabacologie, qui peuvent prêter un appui méthodologique ou documentaire, ou bien accompagner les fumeurs dans un processus de changement.

Pour être efficace, la prévention a besoin de tous les adultes, pas seulement des spécialistes de la question.

Et alors, comment parler du tabac avec les jeunes ? Découvrez quelques conseils en cliquant sur la vidéo ci-dessous.

Eviter de banaliser la consommation de tabac et avoir une position claire sur le sujet

eviter_banalisationChaque adulte a sa propre représentation des différents problèmes de santé et de leur importance relative. Par exemple, si un adulte considère que le fait de fumer ne constitue pas un problème, il n’en parlera pas avec les jeunes.

Cela est d’autant plus dommageable qu’il est primordial de ne pas banaliser les questions liées au tabagisme: fumer n’est pas banal, encore moins chez les jeunes. En effet, la dépendance s’installe rapidement chez eux et la consommation occasionnelle évolue rapidement vers une consommation quotidienne. Un jeune qui devient dépendant au tabac a devant lui une « carrière de fumeur » de plusieurs années, voire dizaines d’années, avec tous les risques que cela comporte pour sa santé et les difficultés qu’il va rencontrer s’il désire arrêter.

Les jeunes cherchent les limites. Ils veulent connaître ce qui est permis et jusqu’où ils peuvent aller. Avoir des règles claires et identiques pour tous permet d’obtenir la confiance et d’instaurer le respect entre les jeunes. Etre capable d’être à l’écoute, mais aussi parfois se positionner clairement et prendre des décisions fermes suscite la confiance. C’est également le cas dans le domaine de la prévention du tabagisme.

Informer, sensibiliser et guider vers des choix positifs pour la santé

informer_sensibiliser_guiderContrairement à une idée reçue, la plupart des jeunes (fumeurs ou non-fumeurs) s’attendent à ce que les adultes de leur entourage abordent, d’une manière ou d’une autre, la question du tabac avec eux. De plus, ils préfèrent aborder le sujet avec des adultes ou des pairs avec qui ils entretiennent une relation de confiance avant de faire appel à un service d’aide.

Evidemment, être un professionnel travaillant avec des jeunes et discuter du tabagisme avec eux n’est pas toujours chose facile : on peut craindre de ne pas donner de bonnes informations et, parfois, se sentir démotivé par le manque d’intérêt du jeune ou par les conflits découlant de la discussion. Il faut tout d’abord comprendre qu’il n’est pas nécessaire d’être un expert pour aborder le thème du tabac avec un jeune ! Même si les informations ont leur importance, c’est le lien privilégié et la qualité des échanges que les adultes ont avec les jeunes qui importent. A travers leur exemple, leur discours et leur attitude à l’égard du tabac, ils peuvent stimuler une réflexion chez ces derniers.

Les jeunes souhaitent être compris et désirent savoir s’ils sont sur la bonne voie, même si leur comportement n’est peut-être pas toujours correct. Informer sur les risques, expliquer pourquoi et comment la loi protège les jeunes, discuter du tabagisme, c’est aider les jeunes à comprendre les enjeux que représente pour eux le fait de commencer – ou non – de fumer.

Contribuer au respect des cadres légaux en vigueur

Plusieurs législations en vigueur dans le canton de Vaud visent à protéger la population, notamment les plus jeunes, des risques pour la santé que représente le tabagisme:

  • Interdiction de fumer dans les lieux publics

La loi vaudoise (LIFLP) interdit de fumer dans les lieux publics ou accessibles au public s’ils sont intérieurs ou fermés. Les centres socioculturels et autres lieux d’activités pour les jeunes doivent respecter cette interdiction.

  • Interdiction de fumer pour les écoliers vaudois

Les élèves vaudois n’ont pas le droit de fumer à l’école et ce durant toute leur scolarité obligatoire (Règlement d’application de la loi sur l’enseignement obligatoire – RLEO). Cette disposition s’applique pendant tout le temps où les élèves sont sous la responsabilité de l’école. En dehors de l’école, les enfants en âge de scolarité sont soumis aux règlements des communes. Ces dernières ont, en règle générale, des dispositions mentionnant que les enfants en âge de scolarité ne fument pas et ne consomment ni alcool, ni stupéfiant.

  • Interdiction de vente et de remise de tabac aux mineurs

La loi vaudoise (LEAE) vise notamment à protéger les jeunes en interdisant la vente et la remise de tabac aux moins de 18 ans, même si le tabac est destiné à un adulte. Ces interdictions s’appliquent également à la vente par le biais d’un automate à cigarettes.

Tout constat d’infraction à cette loi peut être signalé à la Police cantonale du commerce à l’aide du «Formulaire de dénonciation concernant la vente de tabac».

  • Restriction de la publicité pour le tabac

Au niveau national, la diffusion de publicité pour les produits du tabac à la radio et à la télévision est interdite. De même, la publicité pour le tabac ne peut pas s’adresser aux jeunes de moins de 18 ans.

  • Cigarettes électroniques

En l’absence d’un cadre juridique spécifique, et afin de tenir une ligne cohérente, il est conseillé de traiter l’utilisation des cigarettes électroniques comme celle des cigarettes traditionnelles et d’interdire toute utilisation dans les lieux fréquentés par des jeunes.

Les professionnels encadrant des jeunes sont encouragés à adopter une posture citoyenne par rapport à ces lois et à soutenir leur application. 

Il s’agit également d’ouvrir le dialogue avec les jeunes sur ces éléments. Parler d’interdictions amène à réfléchir en termes d’éducation à la citoyenneté. Est-ce que l’on souhaite que les jeunes agissent par peur des sanctions ou qu’ils prennent conscience de leurs responsabilités? Il est ainsi souhaitable de susciter des échanges avec les jeunes afin qu’ils puissent comprendre le sens des interdictions.

Lorsque des règles sont établies par les professionnels eux-mêmes (par exemple un périmètre non-fumeur à l’extérieur d’un centre socioculturel), il est important d’impliquer les jeunes. Ces derniers vont en effet davantage y adhérer s’ils ont participé à son élaboration. De même, il est également recommandé de discuter des sanctions avec le groupe de pairs, afin de permettre à celui qui a enfreint la règle d’aller au-delà du cercle vicieux interdiction-transgression-punition. La sanction doit permettre de réfléchir et de renforcer le sens de la responsabilité personnelle.

Pour plus d’informations: Législation

Connaître et soutenir les mesures de prévention efficaces

Pour diminuer le nombre de fumeurs parmi les jeunes, il faut combiner des mesures centrées sur les  individus (information et sensibilisation) et des mesures axées sur le contexte (législations et réglementations). Ces deux approches se complètent et se renforcent.

Les actions d’éducation et de sensibilisation permettent d’informer les jeunes sur les conséquences de la consommation et les aides à l’arrêt, de faire évoluer leurs représentations des produits du tabac, de développer leur esprit critique et leur capacité à résister à la pression sociale.

Mais ces actions ne produiront que peu d’effet si la société dans laquelle vivent ces jeunes ne prend aucune mesure pour diminuer l’accès aux produits du tabac (augmentation du prix, interdiction de vente aux mineurs) et leur attrait (interdiction de toute forme de publicité, interdiction de fumer dans les lieux publics).

Ces deux niveaux d’intervention sont ensemble les ingrédients d’une recette à succès.

Dans ce travail de prévention, les professionnels relais auprès des jeunes ont un rôle clé à jouer. Ils sont appelés à soutenir les mesures structurelles reconnues comme efficaces pour protéger la jeunesse des méfaits du tabagisme (par ex. l’interdiction totale de la publicité, de la promotion et du parrainage) et être des relais actifs d’information et de sensibilisation auprès des jeunes.