Souvent, les professionnels pensent que les jeunes fumeurs ne sont pas du tout intéressés à parler de leur tabagisme et ne se questionnent pas sur leur consommation. Ils tendent, par conséquent, à éviter d’aborder un sujet qui pourrait éventuellement les écarter de leur public.
De plus, lorsqu’ils apprennent qu’un jeune fume, les professionnels ne savent pas toujours comment réagir. Faut-il l’inonder d’informations sur les dangers du tabac, lui prédire un cancer des poumons? Ou faut-il banaliser cette consommation et la mettre sur le compte de l’expérimentation adolescente?
La bonne attitude se situe généralement entre ces deux extrêmes. Vous pouvez commencer par évaluer la situation avec le jeune :
- Pourquoi a-t-il commencé à fumer?
- Depuis combien de temps fume-t-il? A quelle fréquence? Dans quelle situation?
- Quel(s) genre(s) de produit?
- Qu’est-ce que cela lui apporte de fumer?
- Pourquoi continue-t-il?
- A-t-il déjà essayé d’arrêter de fumer?
- Est-il difficile de ne pas fumer?
Cette discussion doit permettre au jeune de faire le point sur sa consommation. Il s’agit aussi de l’encourager à réfléchir aux pour et aux contre de cette consommation. Faites-le réfléchir aux bénéfices et aux inconvénients de l’arrêt du tabac. Vous pouvez encourager le jeune à noter sur une feuille les bénéfices qu’il voit à arrêter de fumer (ex: faire des économies, avoir meilleure haleine, améliorer sa condition physique, etc) et de l’autre côté les inconvénients (ex: peur de prendre du poids, peur du stress, etc). Cette «balance décisionnelle» aide à identifier les motivations à arrêter de fumer et les barrières éventuelles à l’arrêt.
Les fumeurs sont fréquemment ambivalents par rapport à leur consommation de tabac. D’ailleurs, la modification du comportement tabagique est un processus qui peut aller de l’état de «fumeur satisfait» (le jeune ne reconnaît aucun problème lié à sa consommation) à l’état de fumeur qui est prêt à mettre en place des changements (arrêter, diminuer, mieux gérer, etc).
Les changements peuvent être de différentes natures. Du point de vue de la santé, il est vrai que c’est l’arrêt complet qui est conseillé. En effet, en diminuant sa consommation, le fumeur aura tendance à tirer plus intensément sur la cigarette, ce qui induit une inhalation plus profonde de la fumée. De ce fait, diminuer la consommation n’entraîne pas forcément une réduction des risques pour la santé.
Cependant, la gestion et la diminution de la consommation sont des changements souvent accomplis par les jeunes. La meilleure approche est donc d’accompagner le jeune dans sa réflexion en partant de ses motivations et en respectant le rythme des objectifs qu’il s’est fixé. Quand l’adulte évite de succomber au réflexe correcteur et renforce l’autonomie du jeune fumeur, il lui permet de se questionner sur son tabagisme et ainsi d’aborder la question des avantages et des inconvénients qu’il y voit.